Cela faisait longtemps que je voulais mettre en avant le point de vue de parents d’expatriés, ceux dont les enfants, adultes, sont partis s’installer dans un autre pays durablement. C’est le cas de Martine et Gilbert, couple bienveillant et ouvert sur le monde dont deux des trois enfants vivent à l’étranger depuis plusieurs années. Ils ont accepté de répondre à mes questions l’un après l’autre dans cet article, et de me parler de leur vie de parents d’expatriés. Ils vivent en Bretagne et ont donné le goût des voyages à leurs trois enfants Solenn (43 ans), Aymeric (40 ans) et Damien (38 ans). Aujourd’hui, deux de leurs enfants sont installés à l’étranger depuis plusieurs années. Damien vit à Los Angeles depuis 2 ans après 6 ans à Montréal, tandis que Solenn vit à Montréal depuis 7 ans. Ils possèdent tous les deux la nationalité canadienne.
Oui, Martine et Gilbert sont très ouverts à l’international (même s’ils n’ont pas eux-même vécus à l’étranger), et ils ne reflètent pas la manière dont tous les parents d’expats vivent la chose. Mais leur interview donne des conseils précieux qui seront utiles à la fois à ceux qui voient leurs enfants partir vivre dans un autre pays le coeur lourd, et à ceux qui partent vivre à l’étranger en sachant que leurs parents ont du mal à accepter cette décision. L’éloignement avec les proches est d’ailleurs quelque chose qui s’avère compliqué pour beaucoup d’expatriés (j’en parle d’ailleurs dans mon article sur 7 difficultés auxquelles on ne s’attend pas quand on vit à l’étranger, qui reste l’un des plus lus de mon blog). C’est un sujet qui m’intéresse beaucoup, alors si vous êtes vous aussi parents d’expat, ou expat et que vous pensez que vos parents aimeraient témoigner à ce sujet, n’hésitez pas à me contacter, peu importe votre/leur point de vue sur le sujet !
Martine, la maman de Solenn, Aymeric et Damien
1. Aimez-vous voyager ? Avez-vous vécu à l’étranger vous-même ?
Oui, j’ai toujours été passionnée par les voyages, les récits de découverte et l’histoire, je suis très curieuse de tout. Pour ma génération, l’expatriation était moins répandue et plus difficile d’accès (pas de PVT, ni d’Erasmus ou autres…). Pourtant, pour moi c’était un rêve.
2. Avez-vous encouragé cette idée de l’étranger chez vos enfants ? Est-ce quelque chose que vous avez activement souhaité pour eux, ou à l’inverse pas spécialement ?
J’ai toujours encouragé les échanges scolaires pour les enfants dès le collège. Au lycée et la fac, nous leur avons permis de partir pour les Etats-Unis et le Canada en intégrant une université ou en faisant des stages d’études, et également des séjours chez des amis américains à Denver (Solenn a effectué un stage de 3 mois au Jardin Botanique de Montréal, Damien a étudié 4 mois dans un lycée de Denver pendant son année de seconde puis un an à l’université de Columbia en Caroline du Sud, et Aymeric est parti étudier un an à l’université d’Ottawa).
3. Avez-vous été surpris lorsque vous avez appris qu’ils partiraient vivre à l’étranger ?
Non, je les ai fortement incités à partir pour l’étranger ! Nous en discutions souvent, et par la même occasion à travers eux je réalisais un peu mon rêve !
4. Avez-vous été inquiets en apprenant qu’ils partaient vivre à l’étranger sans date de retour ? Si oui, quelles étaient vos inquiétudes au moment de leur départ ?
Non, leurs décisions étaient mûrement réfléchies et je savais que c’était leur vœu le plus cher. Il leur a fallu du courage pour tout vendre en France et tout recommencer au Canada, puis aux Etats-Unis pour Damien.
5. Quels sont les côtés positifs et les côtés négatifs d’avoir vos enfants vivant à l’étranger ?
Réponse commune de Martine et Gilbert : Ils ont une qualité et un confort de vie supérieur à ce qu’ils avaient en France. Cela nous permet aussi de voyager et de passer de très bons moments avec eux. Par contre, les réunions familiales sont beaucoup plus difficiles à organiser.
6. Combien de fois les voyez-vous par an ? Est-ce vous qui allez en France, ou plutôt eux qui viennent ?
Réponse commune de Martine et Gilbert : Nous nous rencontrons à l’étranger une à deux fois par an pour des périodes de 2 à 3 mois à chaque fois. Pour eux les visites en France sont plus courtes mais au moins une fois tous 2 les ans.
7. Certaines personnes qui vivent à l’étranger ou veulent partir dans le futur et qui lisent mon blog me disent qu’ils ne savent pas comment gérer la réaction de leurs parents qui sont inquiets, tristes ou opposés à leur départ. Avez-vous des conseils pour ceux qui partent vivre à l’étranger, des choses qui peuvent aider les futurs expats à gérer la relation avec leurs parents ?
Les futurs expats peuvent dire à leurs parents : ‘’C’est une expérience nécessaire pour nos connaissances professionnelles et une chance inespérée pour nous de vivre autre chose ailleurs. La rupture n’est que provisoire, Skype et Messenger existent et cela vous permettra de faire de beaux voyages ‘’.
8. Et avez-vous des conseils pour d’autres parents d’expats ?
Je n’ai jamais été opposée à leur départ respectif, je les voyais heureux et plein d’enthousiasme même si je savais que notre vie allait changer. Il faut savoir cacher ses sentiments et les encourager à réaliser leurs projets. Surtout ne pas les faire culpabiliser, il faut positiver ‘’on ira vous voir,’’ leur dire ‘’si cela se passe mal nous serons toujours là’’, que leur bonheur c’est aussi le nôtre et que l’on se survivra sans eux. De toute façon on élève pas les enfants pour soi, il faut savoir les voir partir !
9. Que pensez-vous des Etats-Unis et du Canada, pays où vivent vos enfants ? Quelles sont à vos yeux les principales différences culturelles ?
J’adore ces deux pays, la nature et les grands espaces, l’ouverture d’esprit des habitants, la vie beaucoup plus ‘’cool’’ et sans stress. J’apprécie beaucoup l’aspect multiculturel de ces deux pays grâce à la diversité ethnique. J’ai un peu plus de mal avec les habitudes alimentaires Nord Américaines.
10. Avez-vous perçu une différence chez vos enfants après quelques années de vie à l’étranger ? Dans leur langage, leurs habitudes ?
Oui, ils ont déjà abandonné l’esprit « râleur Français ‘’, ils sont plus positifs et se sont intégrés à 100% dans leur pays respectif. Solenn a pris un peu l’accent Québécois, utilise de plus en plus le parler de là-bas, et Damien oublie parfois les mots et les expressions françaises.
Gilbert, le papa de Solenn, Aymeric et Damien
1. Aimez-vous voyager ? Avez-vous vécu à l’étranger vous-même ?
J’aime beaucoup voyager en France et à l’étranger sans avoir eu l’opportunité de vivre à l’étranger.
2. Avez-vous encouragé cette idée de l’étranger chez vos enfants ? Est-ce quelque chose que vous avez activement souhaité pour eux, ou à l’inverse pas spécialement ?
Dès le collège je les encouragés tous les 3 à participer à des échanges scolaires. Mon souhait était de les ouvrir à d’autres cultures.
3. Avez-vous été surpris lorsque vous avez appris qu’ils partiraient vivre à l’étranger ?
Non, pas du tout car nous en parlions depuis longtemps.
4. Avez-vous été inquiets en apprenant qu’ils partaient vivre à l’étranger sans date de retour ? Si oui, quelles étaient vos inquiétudes au moment de leur départ ?
Je n’étais pas inquiet de les voir partir car la destination choisie était sécurisante, et ils avaient très bien préparé leur voyage avec des contacts sur place et un logement en vue.
5. Certaines personnes qui vivent à l’étranger ou veulent partir dans le futur et qui lisent mon blog me disent qu’ils ne savent pas comment gérer la réaction de leurs parents qui sont inquiets, tristes ou opposés à leur départ. Avez-vous des conseils pour ceux qui partent vivre à l’étranger, des choses qui peuvent aider les futurs expats à gérer la relation avec leurs parents ?
Pour moi, si les enfants sont heureux c’est l’essentiel, et ils gèrent leur vie suivant leurs souhaits. Les opportunités d’emplois et les conditions de travail étant meilleures dans le pays choisi, c’est très positif et rassurant pour les parents. En résumé, chacun doit faire sa vie sans culpabilisé l’autre et bien se dire que rien n’est jamais définitif.
6. Et avez-vous des conseils pour d’autres parents d’expats ?
Faire confiance aux enfants et leur dire que l’on sera toujours là pour eux.
7. Que pensez-vous des Etats-Unis et du Canada, pays où vivent vos enfants ? Quelles sont à vos yeux les principales différences culturelles ?
Nos enfants ont la chance de vivre dans deux pays qui leur apportent beaucoup plus de choses qu’en France sur le plan professionnel (évolution de carrière, emplois multiples, aménagements d’horaires etc..) et personnel (accès aux loisirs et à la culture, stress moins important, relations amicales plus développées etc..), et une meilleure intégration dans les diverses communautés (surtout au Québec), et aussi une ouverture sur le monde plus présente.
8. Avez-vous perçu une différence chez vos enfants après quelques années de vie à l’étranger ? Dans leur langage, leurs habitudes ?
Je constate surtout un mieux vivre au quotidien, des enfants plus heureux, plein de projets, qui ont totalement adopté les habitudes et le langage de leur pays respectif et à qui la France n’a pas l’air de beaucoup manquée !
Un projet de vie expat ou un changement de vie professionelle en vue ? Je suis disponible pour vous aider dans votre projet de vie à l’étranger, quel qu’il soit, et propose des séances d’aide et de discussion par Skype. Je propose également des cours d’apprentissage de l’Anglais de tous les jours. Pour en savoir plus, rendez-vous sur cette page !
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Merci d’avoir traité ce sujet. Avant notre départ, nous avons eu quelques difficultés à ce sujet. J’avais à l’époque cherché des articles, dans grand succès.
Merci pour ce commentaire ! C’est vrai que c’est un sujet peu traité, alors qu’il revient souvent dans mes discussions avec mes lecteurs ! J’aimerais en écrire d’autres sur ce sujet à l’avenir, en espérant qu’ils aident certaines personnes ! A bientôt, Gabrielle
Merci Gabrielle de traiter ce sujet ! Je pense que beaucoup de départs à l’étranger ne se font pas à cause de la culpabilité de quitter ses parents mais grâce aux réponses bienveillantes et super ouvertes de mes SUPER BEAUX -PARENTS CI-DESSUS ça donne du baume au coeur et peut éventuellement encourager des anxieux à s’imaginer vivre sereinement ce départ ! 🙂
Des bisous chauds de L.A xoxoxoxo
Merci ma grande !! Tu es aussi une super belle -fille
Merci Elodie pour ton commentaire ! Tu as tout à fait raison, je sais par le biais de messages que je reçois régulièrement que c’est un sujet qui n’est pas facile pour tous et en effet, parfois une raison de ne pas partir vivre à l’étranger, pour certaines personnes. Je suis contente de contribuer à cette question à ma manière en postant quelque chose à ce sujet sur mon blog, pour créer un espace de discussion pour ceux qui le souhaite ! Bisous froids et ensoleillés de Dublin 😉 xoxoxo Gabrielle
Nous avons pris beaucoup de plaisir à préparer cet article avec Gabrielle et nous espérons que notre témoignage pourra aider des parents et des enfants désemparés.Encore merci Gabrielle pour votre travail .
Merci beaucoup à vous et Gilbert d’avoir pris le temps de partager votre témoignage concernant ce sujet trop peu traité sur le web, je trouve ! Beaux voyageet amitiés à toute la famille 🙂 Gabrielle
Merci pour cet article car en effet il y en a peu qui parle de ce sujet sensible
En lisant cet article je ne me reconnais pas vraiment et j envie vraiment cette façon de penser de Martine et son mari
Je pense que deux choses me font dire cela
J ai un tempérament trop « Mere poule « et empathique et je m ennuie physiquement des gens ( Skype et whatsap ne peuvent pas remplacer ça)
J ai été élevée avec un esprit de famille très fort et regrette les instants précieux des repas de famille entourée de mes enfants et petits enfants ( il en manque toujours un désormais..)
Rassurez-vous pas tous les dimanches !
Et l Australie est très loin et coûteuse du coup
Par contre nous aussi avons beaucoup voyagé avec nos enfants et leur avons aussi facilité les échanges à l étranger
La situation de notre fils n’est pas encore stable car il est parti seul et depuis 4 ans il s’est « bagarré « pour obtenir son visa ( qu’il a eu ) et maintenant se lance dans une petite entreprise qu’il vient de racheter
C’est bien difficile tout ça et je pense que lorsque je le verrai vraiment épanoui ce sera peut-être plus facile de me réjouir pour lui
Il est évident que l’on n eleve pas ses enfants pour nous ( quelle phrase culpabilisante ) et je leur ai donné toute l autonomie possible mais c’est dur que leur bonheur soit loin de nous
D autre part j espère qu’il ne regrettera jamais ce choix
Et il est aussi difficile de ne pas le culpabiliser car il sait très bien que c’est difficile pour moi
Heureusement mon mari est plus cool
Notre réponse est de le soutenir moralement quand nous sommes en France et de venir le voir en Australie
Il nous fait vivre de belles choses et c’est cela le côté positif
Mais je ne pense pas qu’un jour j accepterai cette situation je m y adapte c est tout
Martine
Bonjour Martine, et un grand, très grand merci pour votre témoignage qui j’en suis certaine, traduit l’état d’esprit de nombreux parents. Je comprends tout à fait que cela puisse être difficile à accépter, et dans votre cas, l’Australie est en effet très loin, ce qui ne facilite pas les choses. Chacun fait du mieux qu’il peut dans ce types de situations, et à vous lire on sent toute votre bienveillance et aussi que vous avez effectué un énorme travail sur vous-même depuis le départ de votre fils, pour accépter sa décision et vous y adapter, comme vous le dites si bien. On sent tout votre amour pour lui, et malgré la souffrance que son départ vous a causé et vous cause encore aujourd’hui parfois j’en suis certaine, vous êtes aujourd’hui capable de partager votre témoignage ici et de voir aussi les côtés positifs de cette situation (les beaux voyages que vous effectuez !). Je suis certaine que cela en aidera d’autres ! A très bientôt, Gabrielle
Bonjour à vous
Je me reconnais un peu dans votre message. Je suis maman d’une fille partie travailler en Laponie Suédoise. Elle travaille dans une agence de voyage et est très épanouie. Par contre moi je suis comme vous je n’arrive pas à m’y faire.
L’éloignement je n’arrive pas du tout à m’y faire
Amicalement
Chantal
Bonjour Chantal, merci pour votre témoignage, je comprends tout à fait que cela puisse être difficile ! Chacun vit ces situations à sa manière, comme il le peut. Amicalement, Gabrielle