Culture et langage : 10 choses françaises que les étrangers ne comprennent pas

La marinière, grand classique français !

Ah, les Français… Des créatures rigolotes ! Vivre à l’étranger, c’est aussi devenir, malgré soi, ambassadeur de la culture française dans son pays d’accueil. Lorsque l’on confronte sa culture d’origine au regard d’étrangers, on se rend compte avec amusement que les choses que nous prenons pour acquises sont perçues comme des bizarreries pour des non-Français. J’ai dû, au cours de ma vie à l’étranger ces dernières années, expliquer toutes les choses mentionnées dans cet article à un étranger au moins une fois (mais souvent plus que ça), après que l’on m’ait demandé des explications concernant ces choses so French.

Découvrez cette première partie d’article sur le thème “culture et langage”, et préparez-vous à la seconde partie à venir qui parlera des catégories “boire et manger”, et qui sera publiée la semaine prochaine. Beaucoup de ces points ont été abordés par mon oncle Charles Timoney, Anglais expatrié en France depuis 30 ans qui observe les Français comme moi j’observe les Britanniques, et qui parle de la culture française dans ses livres, notamment dans “Pardon my French”. L’observation anthropologique de son pays d’expatriation ? Une histoire de famille !


1. La bise

Avant même de commencer à lire cet article, vous saviez que la bise y figurerait. Dans les pays où elle n’est pas pratiquée (la France n’ayant pas non plus le monopole de la bise), elle est perçue comme quelque chose de très français, et fait l’objet de sentiments complexes chez les étrangers. Certains la redoutent (contact physique, my god!), d’autres la trouvent rigolote (une habitude exotique !), tandis que d’autres s’en servent comme excuse pour embrasser tout le monde à tout va avec entrain. Le problème, c’est que l’on me demande souvent quelles sont les règles qui s’appliquent à la bise. Comment savoir à qui, et comment faire la bise ? Aux femmes, aux hommes, aux personnes que l’on connaît déjà ou aux inconnus, lors de la première rencontre ? Combien de bises, commence t-on à gauche ou à droite ? Vous le savez aussi bien que moi, vous qui lisez cet article : il n’existe pas de réponse toute faite. Tout dépend de la région de France dans laquelle vous vous trouvez, du degré d’intimité entre personnes ou des habitudes familiales (pour la bise entre hommes surtout). Mon conseil aux étrangers : suivre le mouvement, faire la bise aux femmes, tenter de serrer la main aux hommes, sauf si ces derniers initient la chose… Et tout se passera bien ! Les Français entre eux s’emmêlent parfois les pinceaux avec la bise, alors  les étrangers peuvent se détendre. Sur ces bonnes paroles, je vous laisse avec une vidéo dont je ne me lâsse pas, même après l’avoir regardée 122 fois : celle de l’humouriste britannique Paul Taylor, expatrié en France, qui décrit les méandres de la bise à la française !

2. Tu ou vous ?

Un grand classique des questions que les étrangers posent aux Français : comment savoir si l’on doit tutoyer ou vouvoyer quelqu’un ? Mon oncle Charlie a dédié un chapitre entier à ce sujet dans son livre, en expliquant à quel point cette question représente un terrain miné. Ma réponse, vous vous en doutez, est qu’il existe une zone de flou, même pour les Français eux-mêmes ! Car mis à part les situations évidentes, comme les entretiens d’embauche, les rencontres avec son banquier ou s’adresser à un inconnu, certaines personnes ont le tutoiement très facile (“On se dit “tu” ?”), tandis que d’autres aiment le côté formel que le vouvoiement instaure. La rencontre avec les beaux-parents Français est un classique : Français ou étranger, on est jamais certain de la manière dont il faut procéder ! Un problème concret difficile à comprendre et à jauger notamment pour les anglophones, puisqu’en anglais, tout le monde est “you”. Facile ! Ils ont bien de la chance…

3. La marinière

Pourquoi les Français portent-ils très souvent des marinières ? Parce que c’est chic, simple et distingué, et que ça va avec tout. Et parce que la marinière à porter dans la vie de tous les jours a été inventée par Coco Chanel, qui s’est inspirée des tenues des matelots de la marine nationale lors d’un séjour sur les belles plages normandes en 1916. Elle est devenue un classique indispensable de toute garde-robe ! Cet article donne toutes les explications nécessaires pour la prochaine fois que vous aurez à répondre à cette question, et à parler de l’origine historique de la marinière. Vous me remercierez plus tard !

4. Les vaches dans la langue française

La présence récurrente de vaches dans les insultes et expressions françaises a étonné plusieurs de mes proches britanniques, qui parlent ou apprennent le français : “oh la vache”, “peau de vache”, “vachement”, “coup de vache”, “être une vache à lait”, “il pleut comme vache qui pisse”, “parler français comme une vache espagnole”, et j’en oublie très certainement ! Même l’un des fromages à tartiner les plus vendus en France montre une vache hilare sur son packaging depuis environ un siècle (“La vache qui rit”, pardis !). En France, on aime simplement vachement les vaches.

5. Le réveillon du 24 décembre

Ceci ne s’applique qu’à ceux d’entre vous qui vivent dans des pays où le réveillon du 24 décembre n’est pas important, comme moi au Royaume-Uni. Ici, il ne se passe pas grand chose, voire rien du tout, le 24 au soir. Quand j’explique que dans certaines familles françaises, et très certainement dans la mienne, le moment le plus important de Noël est le 24 au soir, cela laisse souvent les britanniques bouché bée. Sans compter que certaines familles françaises ouvrent même leurs cadeaux le soir du réveillon, ce qui représente un tabou absolu chez les britanniques, où les cadeaux ne s’ouvrent que le jour de Noël. “Et le 25 décembre, vous ne faites rien ?”, m’a t-on demandé, des trémolos dans la voix. “Si : on recommence !”. C’est ça, les festivités à la française : toujours une bonne excuse pour manger autant que possible et passer des heures à table !

6. Le shrug

Peut-être n’aviez-vous même pas conscience qu’il existe ce que les anglophones appellent le “French shrug”… Vous trouverez pourtant une batterie impressionnante d’articles à ce sujet ! Le “shrug”, c’est ce petit haussement d’épaules que font les Français, qui peut signifier, entre autres : “je ne sais pas”, “je m’en fiche”, “ce n’est pas de ma faute” (liste non exhaustive). Le haussement d’épaule s’accompagne en général d’un mouvement de sourcil et de bras/mains qui peut varier en fonction du contexte et de l’émotion exprimée (colère, désintérêt, autre). Vous ne vous rendez pas compte que ce haussement d’épaule est typiquement Français ? Demandez à un étranger de l’imiter, le résultat est souvent très drôle, car il ne saura souvent pas par où commencer : lever les épaules, les avants bras, bouger les sourcils ou faire la moue avec la bouche ? Help ! Les étrangers ne sont d’ailleurs pas interloqués que par le shrug, mais par toutes nos mimiques et gestuelles en général, en effet très importantes pour comprendre une conversation non verbale avec un Français.

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7. Fake English words

Ce paragraphe concerne surtout ceux qui vivent dans des pays anglophones. L’idée est que les Français emploient beaucoup de ce que mon oncle Charlie appelle dans son livre des Fake English words, comprenez des mots anglais, mais qui ne sont pas du tout employés de la bonne manière en français, voire n’existe simplement pas en anglais. Au choix : un parking, un tennis man, faire un footing, un Frenchy (seuls les Français se décrivent comme des « Frenchy »), “so British” (on trouve cette expression partout dans les magazines et les émissions de télé françaises, alors qu’elle n’est pas utilisée au Royaume-Uni). Employer des “Fake English words”, c’est so French !

8. Le doublage et les titres de films

Le doublage fait bien rire les étrangers qui viennent de pays où tout passe à la télévision et au cinéma en version originale avec sous-titres ! Bien entendu, certains cinémas en France et certaines chaînes télévisées diffusent en V.O., mais c’est loin d’être une majorité. Le doublage fait partie intégrante de la culture télévisuelle et cinématographique française. Ma surprise lorsque j’ai commencé à regarder des films et séries en V.O. et que j’ai découvert les vraies voix d’acteurs que je voyais dans des films depuis mon enfance (Bruce Willis, Robin Williams, Peter Falk dans Colombo !). J’ai pu constater que le choc est le même pour les étrangers qui découvrent leur premier film doublé. Dans la même catégorie, cela fait beaucoup rire les anglophones que certains pays, dont la France, changent les titres de films, très souvent en beaucoup plus long que le titre original, et encore plus souvent toujours en anglais, mais avec des mots plus simples. Mes préférés ? « The Hangover » devient « Very Bad Trip », « As good as it gets » devient « Pour le pire et pour le meilleur », ou encore « Junior » qui devient « Un flic à la maternelle ».

9. Oh la la, zut, eh ben, hop, heu, bof

Vous avez dit drôles de locutions ? Très certainement, surtout quand un étranger qui apprend le français vous demande comment utiliser “Eh ben”, “Zut”, “Hop”, “Heu” “Bof” ou encore “Oh la la”. Pas si facile ! Pour moi, tout est dans l’intonation : on peut les utiliser dans différents contextes, tout dépend de la manière dont on les dit. Tout un art, qui repose sur une pratique régulière et appliquée.

10. Les congés

Mais comment les français travaillent-ils si ils sont tout le temps en vacances ? Nos 5 semaines de congés payés minimum font rêver bien des étrangers, surtout quand on leur explique que certaines entreprises offrent bien plus que 5 semaines… Ma réponse est toujours que les acquis sociaux sont très forts en France, et aussi qu’il a été prouvé que les Français sont parmis les travailleurs les plus productifs d’Europe, malgré tous leurs congés. Il semblerait que le fait de toujours avoir des vacances à l’horizon aide à rester plus productif… Je vote pour !


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